Préface

Matthieu Gosztola est un rayon lumineux. Il a tous les talents. Il les a prouvés alors que l’horizon de la quarantaine se tient encore à quelques encablures. Musicien, docteur en littérature, peintre, poète, auteur, écrivain engagé...

Le choix de Collection n°10 s’est porté sur lui afin de livrer un éclairage de plus sur une activité gosztolienne bien trempée, la critique et la chronique.

L’artiste démontre ici que le créateur authentique ne vit jamais seul, ne travaille pas dans une tour d’ivoire. Nul mieux que Gosztola n’est en communion avec les autres, le monde, les petits et les grands, avec le vivant, avec les vivants – qu’ils soient morts ou vivants.

À lui s’applique à merveille la formule de l’épistémologue Georges Canguilhem : « la philosophie se nourrit de ce qui n’est pas elle.» Loin que Matthieu Gosztola ne soit pas lui-même, son travail dénote une idiosyncrasie plurielle et vivace. Cela à un point tel qu’on est en droit de se demander : mais comment fait-il ? Oui, comment parvient-il à inscrire et à exprimer avec autant de justesse des milliers d’univers ?

Le choix des textes qui suivent se présente au premier regard comme un tourbillon. C’est que l’exigence est au rendez-vous. Gosztola possède un sens aigu de la composition. Il sauve et rassure. Son style est clair et précis. La prolixité et la profusion demeurent maîtrisées.

L’actualité artistique ? On apprend et on se délecte. Mais on apprendra aussi à se déprendre – c’est une des belles pentes gosztoliennes – et l’on plongera dans l’Histoire, dans la Culture. Il suffit de jeter un œil à la table des matières. Alors, le lecteur peut être emporté (et pas emmené, même s’il reste une personne et n’est pas une chose prête à emporter). Porté par des vagues discrètes et puissantes au milieu des événements, le lecteur demeure debout même s’il n’a pas appris le surf des spots les plus fameux.

Gosztola, c’est l’inactuel qui retrouve l’actuel. C’est éternellement temporel comme disait Péguy. Et c’est aussi bien l’intemporel précaire et éphémère. Bref, c’est une communion. Rare.

Didier Bazy.